Préambule
- Pistes de réflexion
I.1. De l’état des lieux
I.1.a. De l’exercice de la profession
I.1.b. De l’environnement politique et socio-économique de la profession
I.2. De l’action socio-économique
I.2.a. De la loi sur la maîtrise d’œuvre
I.2.b. De la loi sur la maîtrise d’ouvrage publique
I.3. De l’action socio-culturelle
- Plan d’actions
Préambule
Le 18 mai 2011 lors d’une rencontre improvisée, et autour d’un diner convivial, est partie l’idée de réfléchir à la création d’un syndicat des architectes. Une quinzaine d’architectes y prirent part.
En lançant l’idée de la création d’un syndicat des architectes, l’on ne savait certainement pas que cela allait faire son bon bout de chemin. A l’échange d’avis qui suivit, fallait-il autant canaliser les débats que modérer les écarts.
Portés par l’idée de ce 18 mai, le mois suivant, une déclaration d’intention fut rédigée. Il ne fallait pas s’en faire des commentaires des confrères qui portaient sur l’utilité d’une telle entreprise. On eut droit à de l’optimisme prudent des uns, au pessimisme gelant de certains quand ce n’est pas au sarcasme infantilisant des autres.
Le collectif des architectes chargés de la rédaction de la déclaration d’intention donna lecture du texte suivant :
« Aujourd’hui notre pays construit beaucoup. Paradoxalement, l’exercice de notre métier n’a jamais été autant mis à mal qu’en ce temps d’effort massif de construction. Tout le monde lorgne de notre coté pour faire de nous les bouc émissaires d’une médiocrité choquante et visible de tous. Le raccourci est tout trouvé pour nous en faire endosser l’entière responsabilité, banalisant notre statut pour mieux nous charger des tares qui font la faiblesse du secteur du bâtiment dans notre pays.
En l’absence de représentations corporatives fortes, notre voix est devenue inaudible. Cédant toujours le terrain à nos partenaires d’investir des espaces vacants et qu’ils finissent par occuper malheureusement à notre détriment.
Certains textes reglementaires régissant les missions de l’Architecte, notamment l’arrêté interministériel du 15/05/1988, sont devenus obsolètes donc inadaptés. Le rôle de l’architecte dans le processus de la maîtrise d’œuvre est donc à redéfinir. Les projets devenant plus complexes, le recours à des cotraitants pluridisciplinaires et spécialisés s’avère de plus en plus indispensable.
La faiblesse des taux de rémunération de la maîtrise d’œuvre installe l’architecte dans une précarité endémique qui se répercute directement sur la qualité des études et du suivi de réalisation.
Il est également regrettable d’assister de nos jours, impuissants, à un amalgame récurent, entre concours d’architecture et appel d’offre de fourniture ou de réalisation, par l’élaboration de cahiers des charges types, inadaptés à la compétition créative et technique et très éloignés de l’esprit même de la consultation architecturale.
Par conséquent, tout rendez-vous avec la qualité est sérieusement compromis.
Par ignorance ou par intérêts, certaines études qui, historiquement et universellement sont confiées à l’architecte, se voient aujourd’hui déviés vers d’autres corps de métiers, loin des objectifs de qualité.
L’Ordre des architectes est empêtré dans une crise durable qui l’empêche de se hisser à la hauteur de ses missions de garant de nos intérêts moraux.
Par devoir donc, et portés par un sursaut confraternel nous battons le rappel de nos confrères et de nos consœurs pour une prise de conscience salutaire pour protéger notre noble métier. Ne demeurons pas impuissants nous qui en sommes les dépositaires de ce qui est consacré par la loi comme l’expression d’une culture et d’utilité publique. Refusons notre marginalisation dans ce qui nous engage dans le développement économique de notre cher pays, l’Algérie.
Pour ces raisons, nous, un groupe d’Architectes Agréés, décidons d’user de notre droit constitutionnel pour nous rassembler dans le cadre d’un syndicat ouvert à tous les architectes inscrits au tableau national de l’Ordre des Architectes pour mobiliser toute notre énergie dans la défense de nos intérêts moraux et matériels afin d’améliorer les conditions d’exercice de notre profession.
Ce syndicat constituera une voie supplémentaire pour porter haut et fort les revendications des Architectes et contribuer aux différents débats dans un cadre organisé et démocratique. Il se propose de représenter les Architectes agréés à l’échelle nationale.
Il vient apporter main forte à l’Ordre des Architectes pour dépasser sa crise et défendre haut et fort les intérêts de ses membres.
Par la défense de nos intérêts moraux et matériels, nous voulons :
- Recenser les difficultés de l’Architecte dans l’exercice de sa profession, identifier les mesures correctives et porter les revendications auprès des pouvoirs publics.
- Contribuer à l’élaboration des textes réglementaires régissant la profession.
- Initier toute action bénéfique aux intérêts matériels de ses adhérents
- Œuvrer pour une reconnaissance nationale et internationale.
- Assister les jeunes professionnels débutants.
- Contribuer à l’amélioration de la qualité de la formation universitaire et professionnelle liée au secteur.
- Se constituer en partie civile pour défendre les intérêts moraux et matériels de ses adhérents.
- Mettre en place un espace d’échanges et de communication au service de ses adhérents et de la qualité architecturale.
Au fil des rencontres très nombreuses qui s’en suivirent le débat s’emballa sur les différentes visions de ce que pourrait être cette organisation,
Les options qui furent arrêtées et qui menèrent à la rédaction des statuts sont :
- L’acquiescement d’appeler l’organisation « syndicat » tandis que d’autres avis, faut il le souligner, lui préféraient le vocable d’ « UNION ».
- La définition des missions du syndicat, la structure de ses instances, son mode de fonctionnement etc….
A retenir, qu’on se référerait au tableau national des architectes édité par l’Ordre des Architectes pour considérer le nombre de référence des architectes exerçant en Algérie et d’en apprécier le taux d’adhésion des confrères au syndicat.
Tout en saluant la disponibilité des confrères et leur engouement à aller vite pour concrétiser le projet, leurs efforts aboutirent à l’achèvement des statuts et furent l’occasion d’un débat serein pour le rapprochement des différents points de vue et surtout d’esquisser les grandes lignes de l’action à mener par notre syndicat.
Il a été admis que les membres fondateurs formeront provisoirement le conseil national et l’assemblée en prévision de la constitution du corps syndical qui se fera par un appel à adhésion. Les consœurs et les confrères pourront le faire en se rendant sur le site WEB du SYNAA.
L’élection du bureau s’est faite par les membres de l’assemblée constitutive. Il est constitué des membres suivants :
Achour MIHOUBI, Président.
Said YOUNSI, Secrétaire général.
Hamou DJOUAHER, Trésorier.
Rafik MAHINDAD, premier vice président
Azzedine AIT ALI YAHIA, deuxième vice président.
Namik RABIA, adjoint au secrétaire général
Après avoir constitué l’exécutif du bureau, celui-ci a été renforcé par l’adhésion du confrère Abderrahmane ZIDANE, et des consœurs Samia SLIMANI et Hasna HADJILAH. Et finalement grande fut notre satisfaction ce 04/10/2011 de l’acquis de déposer officiellement la demande de la constitution du Syndicat National des Architectes Algériens Agrées, par abréviation SYNAA.
De la date de dépôt à l’obtention du récépissé de l’agrément, 14 mois s’écoulèrent. Durant toute cette période et même si le SYNAA n’existait pas encore officiellement l’élan de rigueur des confrères ne s’en trouva guerre entamé et continuaient-ils de nourrir l’optimisme de sa création imminente et de conférer aux travaux du bureau un caractère quasi organique.
Le nombre des membres fondateurs du SYNAA est de vingt- quatre et peuvent, exceptionnellement pour ce premier mandat, être de facto les membres du conseil national.
La liste des membres fondateurs :
1/ Achour MIHOUBI.
2/ Said YOUNSI.
3/ Hamou DJOUAHER.
4/ Rafik MAHINDAD.
5/ Azzedine AIT ALI YAHIA.
6/ Namik RABIA.
7/ Yazid RODEZLI.
8/ Samia SLIMANI.
9/ Hasna HADJILAH.
10/ Abderrahmane ZIDANE.
11/ Abdelmadjid KOUTCHOUKALI.
12/ Fatah KEROUANI.
13/ Karim HADJADJ.
14/ Aissa TOUMI.
15/ Omar HACIB.
16/ Ahmed BRAHIMI.
17/ Hassen CHAOUCHE.
18/ Fatsah HAMITOUCHE.
19/ Malek YOUNSI.
20/ Moustafa CHIALI.
21/ Rachid SAIH.
22/Abderrahmane YAHMI.
23/Abdelhamid SI LARBI.
24/RAHIM DADDA .
Avec l’officialisation de la création du SYNAA, la campagne d’adhésion sera lancée auprès de nos consœurs et de nos confrères et le site WEB sera mis en ligne pour devenir le vecteur d’information et d’échanges avec les adhérents -et de là- permettra de conforter notre action dans le respect des missions statutaires de notre organisation.
Le SYNAA célèbrera sa naissance concomitamment à la tenue de son premier Conseil National. Celui-ci adoptera le règlement intérieur et le programme d’actions de son premier mandat.
Pour les chantiers à ouvrir en vue des actions à mener ; il est convenu de susciter la mobilisation de tous autour des thèmes de réflexion phares, ce qui se fera à n’en pas douter avec la coordination des personnes qui y adhéreront pour constituer le corpus du plan d’action.
Enfin et ce qui nous parait être une urgence par ailleurs, c’est de ne pas occulter les dysfonctionnements actuels de l’Ordre des Architectes. Que ce soit pour nous tous un souci permanent pour apporter notre contribution au dépassement des clivages et de travailler à le remettre en ordre de marche pour surmonter la crise actuelle.
- Pistes de réflexion
I.1. L’état des lieux :
I.1.a. De l’exercice de la profession,
Notre pays compte aujourd’hui environ plus de dix mille architectes qui sont professionnellement répartis entre différents secteurs d’activités; Ils sont fonctionnaires dans l’enseignement, répartis entre la seule école d’architecture du pays « l’EPAU », et les différents départements d’architecture relevant des différentes universités; Aussi sont-ils dans les structures de la maîtrise d’ouvrage publique ou commis dans les différentes administrations relevant du secteur du Ministère de l’habitat et celles appelées -et elles sont nombreuses- à engager des programmes de construction, sans oublier les collectivités locales, les APC, les Wilayas etc….
Les architectes exerçant la profession proprement dite sont structurés au sein de l’Ordre des Architectes en se portant inscrits au tableau National de l’Ordre. Leur nombre est d’environ cinq mille et sont classés suivant l’une des trois formes d’exercice autorisées par la loi 94/07 de 1994.
I.1.b. De l’environnement politique et socio-économique de la profession :
Présentement notre pays construit une mosquée qu’on estime à plus d’un milliard d’euros. Sans juger du bien fondé d’une telle décision qui -on se le rappelle- avait suscité la polémique du fait que ce soit un projet présidentiel avec une haute teneur politique que d’aucun peuvent soit défendre ou pourfendre, il y a lieu de souligner fortement qu’à l’orée de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, aucun architecte parmi nous n’ait pu émerger pour marquer de son empreinte ce qui aurait pu faire notre fierté à tous.
L’Algérie du lendemain de l’indépendance se faisait construire ses projets marquants par des signatures aussi prestigieuses que ne l’étaient celles des Niemeyer, Tange, Bofill, Ravéreau et autre Pouillon. Quarante ans plus tard l’on a fini par admettre qu’à défaut d’une signature algérienne, on se résout à marquer nos paysages urbains de l’anonymat de bureaux d’études, et d’accepter pour cette grande mosquée une signature d’un rang modeste.
Cela doit nous interpeller pour se poser les questions suivantes :
Représentons-nous quelque chose aujourd’hui ?
Quelles-sont nos aspirations ?
Travaille-t-on à notre développement et celui de notre profession?
Doit-on se résigner, impuissants, au rôle de spectateur ?
C’est peut être une entrée en matière un peu inattendue mais nécessaire en guise de préliminaire pour s’orienter et dresser les « états généraux » de la profession ;
Fondamentalement faut-il revenir au discours du président de la république à l’occasion des assises de l’architecture en 2006 pour ancrer une démarche réfléchie et soutenue -et de là- tenir un tableau de bord sur la situation de la profession.
Ce qui a été dit en des termes crus par le président de la république sur la qualité architecturale produite durant les dernières années appelle de nous une réflexion profonde et très documentée sur l’état de notre profession en tant que corps de métier réglementé.
Nous n’avons jamais pu faire dire les choses aux réalités dans le cadre d’un travail appuyé et continu. Pourrions-nous le faire dans le cadre de ce syndicat ? C’est en tous cas notre souhait et l’avenir nous le dira.
Prenons des exemples.
En dehors des statistiques, on ne peut plus sommaires, que nous avons données sur l’exercice de la profession, nous ne disposons d’aucun indicateur officiel informant de la réalité de l’exercice de la profession.
A savoir par exemple : le nombre exact d’agence ou de bureaux d’architectes réellement en exercice. L’Ordre des architectes, pour les raisons que l’on sait, publie quand il peut le tableau national des architectes et se limite-il au listing des inscriptions sans initier une politique d’investigation sur le terrain basée sur des recensements ou des enquêtes.
Ne faut-il pas à ce titre envisager des contacts avec les organismes officiels chargés des statistiques pour établir des bases de chiffres qui sont autant d’indicateurs économiques que des référents à servir nos analyses ou à venir en appoint de nos revendications futures.
A travers cela nous devrons œuvrer à :
Opérer le grand éclairage à même de garantir la transparence nécessaire pour que le corps de la profession devienne pour les opérateurs économiques une référence autorisée. En d’autres termes devenir les dépositaires d’indices officiels qui serviraient de bases au travail des différents opérateurs du bâtiment. C’est-à-dire des partenaires de choix des pouvoirs publics.
A long terme l’ordre des architectes est-il peut être le plus indiqué à remplir cette tâche. Ce travail pouvant autant se faire de concert avec les organismes publics relevant du secteur de l’habitat, CTC, Centre d’études, assurances, etc qu’avec les représentations professionnelles activant dans le secteur de la profession : corporations des entreprises du BTP ou confédération du patronat.
Il reste évident que ce travail ne saurait s’effectuer sans qu’en amont un grand effort soit fourni pour opérer une transparence en appelant au sens des responsabilités des confrères. Communiquer entre nous et instaurer une confiance d’échange pour une communauté d’intérêts est nécessaire. Notre action doit se baser sur des chiffres fiables que nous centraliserons dans une structure qui aura pour mission de publier les indicateurs sur la réalité de la profession, à travers par exemple :
- la quantification périodique (par exemple annuelle) et effective des plans de charge qui nous reviennent réellement rapportés au montant global de l’offre publique ou privée;
- La répartition de cette offre sur les différents secteurs d’activités : habitat, tertiaire, tertiaire supérieur, industriel, etc……
- L’accession impérative aux valeurs réelles des chiffres d’affaires se rapportant à chacun de ces secteurs en faisant le parallèle avec les taux de rémunération qui y sont pratiqués.
Cette lisibilité est primordiale pour nous en tant que syndicat pour mener des réflexions et monter des projets que nous allons demain défendre auprès des pouvoirs publics. Dieu sait que le chantier est énorme et notre action se déploiera dans de différentes directions. Loin de prétendre d’être exhaustif nous la résumerons comme suit :
I.2. De l’action socio-économique :
I.2.a. De la loi sur la maîtrise d’œuvre :
Réfléchir au texte d’une loi cadre sur la maîtrise d’œuvre en général et de la maîtrise d’œuvre en architecture en particulier ;
C’est un texte crucial et très sensible sur lequel il y a lieu d’amener les pouvoirs publics à le préparer et surtout à ce que nous en soyons partie prenante. C’est une priorité à laquelle nous devrons très vite nous atteler.
Ce texte doit s’ancrer obligatoirement sur l’acquis considérable qu’est pour nous la loi 94/07 dès lors qu’elle consacre la production architecturale comme étant d’utilité publique. Le mot d’ordre serait de faire barrage aux velléités sournoises qui tentent à en diminuer sa primauté et n’accepter en aucun cas qu’elle soit abrogée.
Ce texte de loi est une authentique loi sur l’architecture qu’un maladroit effort lexical formula en loi sur les conditions de la production architecturale. Faut-il peut-être l’apurer de tout ce qui à trait à la maîtrise d’œuvre pour sauvegarder son caractère ascendant. Soyons donc les portes flambeaux de sa défense et lui apporter les compléments nécessaires pour lever les quelques contradictions qui ont trait à l’organisation de la profession notamment les modes d’exercice.
Par contre, et ce sera le gros du travail, revoir de fond en comble le chapitre sur l’Ordre des Architectes pour penser sa refondation. La crise dans laquelle il se débat aujourd’hui relève essentiellement de sa constitution organique qui est à redéfinir. Cette réorganisation permettra à notre chère institution de se relancer sur de nouvelles bases assurant sa viabilité.
En plus de ce phare qu’est pour nous cette loi, faut il aussi aller très vite vers la mise en place du texte sur la maîtrise d’œuvre. Et là, en dehors des aspects purement financiers, il s’agit de situer clairement le rôle de l’architecte dans tout le processus de cette mission. Pour qu’en suite aller vers la révision du texte de 1988 sur la rémunération.
Le syndicat doit pouvoir imposer le débat sur le texte de la maîtrise d’œuvre surtout à y consacrer à l’architecte son rôle central. En établir clairement ses attributions pour consacrer sa prééminence.
Pour le gros des fondements qui nous intéressent dans ce texte, ce sont :
- Les missions,
- La responsabilité civile,
- La rémunération,
- La propriété intellectuelle de l’œuvre.
Des missions :
Pour les missions, établir clairement le rôle de l’architecte. Lever le malentendu entretenu entre les missions de l’architecte et celles de la maîtrise d’œuvre. Celles de l’architecte sont de l’ordre du concept, de l’idée et enfin de la notion de l’origine. Tandis que pour la maîtrise d’œuvre elles consistent à mener le projet à son exécution c’est-à-dire à son achèvement.
Insister sur le « pater » de l’architecte dans le processus. Cela ne voudra certainement pas dire que l’architecte « s’auto éjectera » du processus de la réalisation du projet, bien au contraire ; Il se préserve pour maintenir son ascendant.
Il se chargera de valider toutes les études techniques et les solutions de réalisation qui seront apportées soit par les bureaux d’études techniques soit par les entreprises de réalisation.
La responsabilité sur le génie civil et les corps d’état secondaires s’en trouverait partagée avec les techniciens chargés de ces lots. Cela ne saurait être dit sans déplorer l’insignifiance de la maîtrise d’œuvre technique dans notre pays. Notre discipline a grand besoin de voir se constituer un tissu de bureaux techniques qui nous déchargeront des missions que nous ne maîtrisons pas et de surcroit ne nous valorisent nullement.
Dans cela il ya aussi à revoir la constitution des dossiers des phases d’étude. Ne serait-ce qu’en faisant l’effort -à ce titre- d’harmoniser les portées des différentes lois de la république, l’on doit intégrer par exemple la phase permis de construire pour ne citer, entre autres, que la loi sur l’urbanisme. Car c’est un dossier assez lourd qui se trouve à cheval entre un Avant Projet Sommaire (APS) ou un Avant Projet Détaillé (APD) et le dossier d’exécution.
Faut-il donc obligatoirement en faire une phase d’étude à part entière car il a force de loi. Il est engageant vis-à-vis des administrations publiques et établit le rôle civil de l’architecte. Par ailleurs, ce dernier étant avec le client le vis-à-vis de l’autorité qui le délivre cela lui consacre son rôle éminent d’acteur social et culturel. C’est donc une responsabilité à la fois technique, économique et sociale vis-à-vis de la communauté que porte l’architecte.
C’est un dossier à réhabiliter dans sa portée socio-culturelle et faut-il le dire : cesser de le réduire à une formalité technique.
Pour le dossier d’exécution c’est un développement essentiellement technique dont l’architecte doit maintenir le droit de regard et l’orientation sans pour autant s’attacher à s’alourdir de l’entière mission de sa préparation.
En conclusion, le but est de surligner la mission de l’architecte dans la maîtrise d’œuvre par le seul fait qu’il est tout bonnement architecte.
Dans un projet les maîtres d’œuvre sont nombreux par contre il n’y a qu’un seul architecte.
De la responsabilité civile :
L’article N°560 du code civil est vieux comme l’est l’empire Napoléonien. Il se résume à une phrase couperet lourde et qui n’a jamais été revisitée. Faut-il aussi s’y pencher avec les juristes pour en cerner la portée et définir plus clairement ces responsabilités dont le code parle.
Ceci nous amène à parler aussi des assurances et de l’obligation qui doit être faite de se couvrir professionnellement des risques de la profession. Travail à établir avec les compagnies d’assurances pour négocier des taux préférentiels pour l’architecte et amener les maîtres d’ouvrage à exiger l’assurance professionnelle.
De la rétribution :
Revoir de fond en comble le seul texte désormais très « ridé » de la rémunération des études dans le bâtiment de 1988. C’est un texte qu’on ne cesse de reluire comme l’on continue à le faire pour les établissements publics d’études que –jadis- il concernait. Désuet l’est-il certainement comme sont devenues les structures sans âme de ces établissements.
Les coûts des projets se rapportant aux taux de rémunération et aux catégories des projets ont été multipliés par quinze durant ces trente dernières années. De même que pour le suivi des travaux sur lequel le syndicat doit tout faire pour avoir un droit de regard sur la constitution des équipes et leur rémunération.
De la propriété intellectuelle de l’œuvre :
Un texte sur la protection de la propriété intellectuelle de l’œuvre artistique existe. Cette loi est à faire valoir dans les contrats de maîtrise d’œuvre de manière à permettre à l’architecte de prévenir toute transgression de son œuvre et surtout de saisir la justice pour en défendre l’intégrité.
I.2.b De la loi sur la maîtrise d’ouvrage publique :
Inciter à la mise en place d’une loi sur la maîtrise d’ouvrage publique qui doit entre autres se référer obligatoirement aux textes régissant la maîtrise d’œuvre.
Ce texte a une importance primordiale pour nous. Pourquoi ? parce qu’il sera, en plus des objectifs évidents d’obliger les maîtres d’ouvrage d’assurer la bonne gestion de leurs projets suivant des canevas réglementaires, le cadre ou nous ficheront nos revendications fondamentales et d’en finir avec les disparités des taux de rémunération et de délais des études pratiqués actuellement dans les projets régis par le code des marchés publics.
En instaurant des barèmes de coûts de réalisation des projets suivant les secteurs nous mettrons la rémunération de la maîtrise d’œuvre à l’abri des contre coups d’une concurrence déloyale qui souvent ne dit pas son nom.
Amener les maîtres d’ouvrage publics à se référer à la corporation pour la mise en place d’une grille de coût des équipements par secteur d’activité et qui sera conjointement gérée par le ministère de l’habitat et une représentation de la corporation.
Ne nous dit-on pas prescripteurs ? Doit-on en retour donc assumer toute la responsabilité qui nous incombe pour éviter de se laisser piéger par les petits jeux des coûts sur lequel les maîtres d’ouvrage publics s’appuient souvent dans l’objectif inavoué de réduire en peau de chagrin le prix de la maîtrise d’œuvre.
Avouons la drôlesse de cette conception de faire des économies « de bouts de chandelles » sur la rémunération de la maîtrise d’œuvre dont l’un des rôles principaux pourtant consiste à faire des économies au projet.
Faut-il donc faire admettre qu’un architecte ne coûte pas seulement de l’argent et qu’au contraire il en fait gagner. Un survol des sites d’annonces sur les attributions des études enseigne sur l’étendue de ces disparités dont la responsabilité incombe, sans dédouaner les confrères, aux maîtres d’ouvrages publics qui sont investis de la lourde mission de gérer l’argent public.
La transition est vite faite pour passer à l’un des points essentiels auquel nous nous attellerons dans notre combat au sein du SYNAA et qui est celui de l’accès à la commande publique.
Faut-il rappeler que les mécanismes existants sont complètement inappropriés à l’établissement d’une commande basée sur une demande d’architecture. Ce qui de facto annihile les chances d’attendre en retour une offre d’architecture.
L’alinéa de concours dans le code des marchés public doit appeler une armada de dispositions qui font défaut aujourd’hui au grand dam de la spécificité de notre discipline.
Dans l’effort de définition des préceptes commerciaux, la consultation d’architecture ne doit et ne peut désormais être gratuite. Ne serait ce que pour cela que notre prestation doit se démarquer de ce qui est appelé communément la prestation de service.
Si le client voudrait voir ce qu’il veut acheter doit-il en retour mettre la main à la poche et s’en résoudre que ce n’est pas une marchandise qu’il demande mais bien un travail intellectuel. Et ce travail est rétribué ;
Le concours fait partie intégrante du coût du projet, les chargés des budgets doivent l’entériner une fois pour toutes. ; faut-il donc aller très rapidement pour introduire ces mesures et de saisir préventivement les administrations qui ne le prévoient pas.
Les ordonnateurs des marchés publics doivent se faire à la règle que chaque travail mérite rétribution. On ne peut pas continuer à concéder aux maîtres de l’ouvrage de leur permettre à l’envie la gratuité des services de l’architecte. Que le législateur utilise le terme concours, doit-il pour autant le fonder sur des textes réglementaires qu’appellent les exigences d’une consultation architecturale.
Etant entendu que le concours d’architecture ne peut s’accommoder des critères d’évaluation qu’on lui adjoint pour le confondre avec l’inconvenante expression « offre technique » !!!.
Les maîtres d’ouvrages publics doivent faire la distinction entre le concours sur dossier et le concours ouvert. Dans le premier cas ils doivent s’astreindre à l’obligation de rémunérer les bureaux retenus pour concourir. Dans le deuxième cas, la rémunération concernera un nombre à définir.
Dans les deux cas, la désignation du projet lauréat ne devra se faire que par un jury indépendant ne jugeant que de l’œuvre architecturale en dehors de toute considération financière concernant le montant de la rémunération. Les conclusions du jury devront être consignées à tous les concurrents. Et le jury devra disposer de toute la latitude de faire connaître les résultats. Cela parait un peu détaillé mais n’est il pas grand temps de mettre un terme à ces écarts qui nous atteignent dans notre chaire d’architecte.
Il s’agira de faire grand écho à toutes ces consultations et de les départir de leur caractère purement administratif dans lequel on les confine. En faire tout simplement des manifestations artistiques médiatisées que ne le sont les insipides avis d’attribution qui ne répondent qu’à l’impératif réglementaire.
…….. Plus brièvement,
I.3. De l’action socio culturelle,
Ouvrir l’école et les instituts d’architecture aux professionnels en dressant des passerelles d’enrichissement mutuel dans le cadre de conventions d’objectifs communs. Surtout battre en brèche ce qui paraît être une défense de chapelles au sein de l’école d’architecture et les instituts universitaires.
Réglementer le stage des jeunes architectes et préparer les futurs diplômants au monde du travail. Préparer avec l’université des programmes d’encadrement qui assureront l’échange entre l’exercice de la profession et son enseignement.
Ce sont là des passerelles pour désenclaver l’université et l’amener sur le terrain du travail. Du coup, autant que pour son enseignement, la discipline se départirait de « l’uniformisme » de l’université autant que pour son exercice elle bénéficierait de la fraicheur bienfaisante de l’enseignement. Et de là enfourcher le cheval de bataille de la qualité architecturale en favorisant l’échange par la mise en place d’une publication périodique du syndicat.
Cette action s’articulera autour des points suivants :
- L’Organisation de rencontres thématiques.
- Se faire le porte voix des idées porteuses tendant à l’amélioration de l’environnement bâti.
- Sérier et publier dans le cadre d’un atelier de suivi permanent les différents sujets et projets de recherche à coordonner avec les départements universitaires, les bureaux d’études spécialisées et les expériences individuelles des confrères.
- Prêter une oreille attentive à l’action syndicale à l’international et intégrer les regroupements régionaux et internationaux pour l’échange et l’intégration des mises à niveau professionnelles.
- En espérant récolter l’adhésion des confrères la plus massive possible, faire du congrès biannuel du syndicat un événement national dans lequel seront portés hauts et forts les idéaux de la corporation.
- Instaurer le prix national du SYNAA ouvert aux jeunes architectes pour créer l’émulation et encourager le talent parmi les plus méritants.
- Réfléchir à la portée du prix national de l’architecture actuel et de la manière dont il est géré.
Entre autres,
Engager la discussion sur notre filiation organique. Quel serait le département ministériel qui nous agréerait le mieux ? La culture ? L’environnement ? L’habitat ? En tout état de cause nous faut-il de la hauteur que suggèrerait forcément le « premier des arts » selon Hegel. Il faut sortir de l’ornière étouffante de faiseurs de mauvais logements dans lequel nous confine-t-on.
De l’environnement socio-professionnel de notre activité il faut rechercher les voies et moyens d’améliorer les conditions d’exercice de la profession, c’est-à-dire :
Approcher l’administration fiscale pour réfléchir au régime du taux d’impôt sur le revenu global appliqué aux architectes. Impôt qui faut-il le souligner est très lourd du fait des faiblesses des montants des charges. Sensibiliser l’administration fiscale que ce qui est perçu par l’architecte concerne un travail de maîtrise à portée intellectuelle et qu’il ne pourrait soutenir cet effort si le fisc venait à peser lourdement sur ses finances. De même que pour la caisse des retraites pour voir les possibilités d’amélioration des pensions.
Pour finir, nous sommes conscients de la délicatesse de cette tâche d’en appeler au sens corporatiste qui par essence n’est pas ce qu’il y a de très aigu chez nous les architectes.
Susciter en nous le corporatisme c’est comme si on venait à aplanir notre Ego. C’est une seconde nature en nous que de bien vouloir nous singulariser. Par la force des choses notre métier fait de nous des individualistes. Mais, n’oublions pas que nous préférons rarement les ensembles bâtis faits de juxtapositions d’objets architecturaux, aussi remarquables fussent-ils, aux ensembles pertinents d’unité et de sobriété, résultat de sagesse et de bon sens.
Nous userons de cette parabole pour appeler au bon sens des consœurs et des confrères de venir par leur adhésion appuyer cette vision de la profession que nous voulons concrétiser dans les faits.
A tous ceux qui se reconnaissent dans cette volonté nous demandons de venir enrichir et soutenir ce projet.
Le bureau national du SYNAA.