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24 AVRIL 2018 ECOLE SUPERIEURE ALGERIENNE DES AFFAIRES Pins maritimes - Alger

SIXIÈME SESSION DU CONSEIL NATIONAL

DECLARATION

« Architectes algériens : Après l’austérité…l’exclusion ».

Après trois années très difficiles, où la commande publique s’est amenuisée drastiquement conséquemment à l’arrêt brutal des investissements publics, du jour au lendemain, la plupart des architectes algériens se sont retrouvés sur le carreau.

Il se trouve que le biais de la politique d’austérité adoptée par le gouvernement et vivement critiquée dans la déclaration du Conseil National du SYNAA le 25 avril 2017, fait place en ce début de l’année 2018 à une procédure de présélection des structures d’études déplorée unanimement par les architectes du fait qu’ils se retrouvent, par de malencontreux écueils sélectifs carrément exclus de la commande publique.  

Les fameux cahiers des charges ne sont autres qu’une « classification » à peine voilée des structures d’étude. L’on nous ressort, par le biais de ces cahiers de consultations de « bureaux d’étude », les dispositions du fâcheux projet de décret vieux déjà de trois ans et que le SYNAA avait publiquement dénoncé dans un communiqué rendu public dans la presse.

L’étau procédural  tenaille les architectes  jusqu’à les étouffer. Il  rend sévèrement exclusives les conditions d’accès à la commande architecturale.  Aux prises déjà avec les rigueurs d’un chômage endémique,  et   de plus en plus,  Ils se retrouvent  donc confrontés à leur corps défendant, aux conditions d’accès à la commande architecturale des plus inconsidérées qui soient.  

Les expressions de mécontentement  se sont  fait entendre.  Jusqu’à être portées dans l’espace public par des confrères soucieux du devenir de la profession avec un grand sens de responsabilité et de sérénité. 

Par la voix de son Conseil national réuni aujourd’hui le 24 avril 2018 en session ordinaire, le SYNAA demande que ces cahiers des charges soient fondamentalement révisés et fassent l’objet de la concertation la plus large possible pour que ne soit considéré que l’objectif de la qualité architecturale qui est l’essence même de toute consultation en architecture.

Le SYNAA juge utile de rappeler les termes de son communiqué du 18 février 2015 qui confirme la constance de ses positions et la clarté de sa vision concernant les garde-fous qui doivent impérieusement préserver la qualité de l’architecte et son mode d’exercice. En fait la déclaration forte du SYNAA considérait…  « l’état de déliquescence de la pratique autant de l’architecture, de l’engineering, de la réalisation que de la maîtrise d’ouvrage publique et privée dans le pays… et que l’administration considérant l’ensemble des architectes « incompétents», elle leur fait injustement porter le poids de l’échec des pratiques d’une maitrise d’ouvrage publique sous encadrée, qui n’a cessé de tirer les compétences vers le bas, laminant les plus volontaires et les plus résilientes d’entre elles par :

  • Une commande architecturale totalement absente des appels à concurrence pourtant destinés aux architectes, la finalité des projets étant le bâtiment et non son architecture.
  • Des conditions d’accès à la commande des plus rédhibitoires, confondant la prestation architecturale (intellectuelle) avec la prestation purement commerciale.
  • Le recours systématique à la formule dite « d’adaptation » de projets déjà réalisés, plongeant notre cadre de vie dans une incommensurable monotonie annihilant le rôle de l’architecte par la négation pure et simple de sa créativité.
  • Des conditions d’exercice de la maîtrise d’œuvre des plus méprisantes, notamment en matière de délais de contractualisation et de règlement d’honoraires ;
  • Une politique de production du logement (composant principal de l’urbain et du cadre de vie) axée exclusivement sur la quantité sans réel souci de la qualité de l’espace à produire.
  • L’attribution à des entreprises de réalisation de prestations d’études d’architecture au mépris du décret 94-07, alors qu’elles n’ont pas vocation à les assumer, délestant l’architecte de ses propres missions dont celle du contrôle sur l’entreprise.
  • La sous rémunération des honoraires d’études, en deçà des standards internationaux entretenue par la complicité de l’administration dans la budgétisation des projets sur la base d’estimations sans correspondance à la réalité des coûts de réalisation.
  • Enfin la « politique des deux poids-deux mesures » selon qu’il s’agisse de prestataires nationaux ou étrangers dans la rémunération de la maîtrise d’œuvre en général. »

Compte de ce qui précède, le SYNAA déplore :

En plus de l’absence de vision et de hauteur de vue  pour la promotion de la discipline architecturale en Algérie,  des mesures à n’en plus finir qui ne constituent en réalité qu’une forme de centralisation des mêmes pratiques des donneurs d’ordre, perpétuant le vrombissement d’une  machine infernale  réglée à reproduire l’ennui , au lieu de mettre enfin en place les conditions nécessaires en vue de rehausser la compétence par une qualité de la commande en premier lieu, qui dénote par ailleurs de leur difficulté de « s’accommoder » d’une profession libérale s’établissant aux affluents  social , culturel et économique de l’acte de bâtir.

Sur proposition de son Bureau National ;

Et par la représentation de son Conseil National réuni en session ordinaire le mardi 24 Avril 2018, à Alger :

  • Fait sienne la présente déclaration.
  • Appelle l’ensemble des consœurs et confrères à la vigilance et à la mobilisation, en renforçant ses rangs par une adhésion massive pour porter haut et fort ses revendications légitimes.

 

Le Conseil National du SYNAA, le 24 avril 2018.